Les anniversaires ont du bon. A l’occasion du 50e anniversaire de l’ouverture du con cile Vatican II, Philippe J. Roy et la librairie vaticane offrent, qui plus est en français!, un instrument de travail appelé à faire date et promis à une réédition plus complète encore d’ici 2015... Feuilleter ce genre d’ouvrages invite à l’humilité tant la masse documentaire d’ores et déjà rassemblée est gigantesque (plus de 4100 références), et tant les remarques qui peuvent y être apportées paraîtront mesquines. Philippe J. Roy est un habitué des oeuvres monumentales: il a soutenu une thèse sur le Coetus devant les universités de Lyon et de Laval à Québec en 2011 (elle est située au n°770 de la présente bibliographie) forte de 2331 pages précise Jean-Dominique Durand dans la préface.
La bibliographie est organisée en six catégories: 1. Les instruments de travail (bibliographies, historiographie, inventaires); 2. les sources imprimées ayant trait au déroulement du concile (actes officiels, souvenirs, journaux intimes); 3. l’histoire du concile, avec une présentation chronologique et géographique, par grandes régions du monde; 4. les travaux sur les différents acteurs de l’événement (commissions, communautés religieuses, papes, pères conciliaires, periti...); 5. les études sur les documents conciliaires, qui constituent la grosse partie de l’ouvrage; 6. les travaux sur la réception du concile. Comme l’écrit l’auteur lui-même, la bibliographie recense surtout les travaux en italien, en français, en anglais, en allemand et en néerlandais – les études en langue espagnole ou portugaise étant moins nombreuses. On notera non sans un certain chauvinisme la présence des travaux de nombreux Fribourgeois: Klöckener, Bédouelle, Delgado... ou de périodiques édités à Fribourg: SZRKG, Nova et Vetera...
Quelques remarques seulement. La section 3.1 consacrée à la préparation lointaine du concile peut poser problème, puisqu’il faudrait presque y inclure les travaux consacrés au concile inachevé de Vatican I. La section 6.4 est intitulée «traditionalisme» alors qu’elle concerne aussi des mouvements divers, de l’attachement aux anciennes formes de la liturgie jusqu’au sédévacantisme. Est-il nécessaire d’attribuer deux références différentes à un ouvrage et à sa traduction (il manque celle de l’article d’Ephrem Carr, n°2457)?
Comme l’auteur le reconnaît lui-même, la notion de «réception du concile» amène une foule d’interrogations. Pour la question que nous connaissons le moins mal, celle qui concerne la constitution Sacrosanctum Concilium (à partir du n°2386), la difficulté est d’inscrire les décisions conciliaires dans une temporalité plus large qui les dépasse, en amont et surtout en aval. L’abandon quasi-systématique du latin, la célébration «face au peuple», le réaménagement des églises, etc. peuvent-ils être considérés comme des conséquences du concile quand bien même il n’a rien prescrit de tel? La liturgie, comme la théologie, l’exégèse... n’obéissent-elles pas à des dynamiques propres dans lesquelles le concile a constitué un aboutissement, un révélateur, un accélérateur, un facteur parmi d’autres? L’importance donnée à l’événement- concile comme point de référence d’un avant et d’un après ne nécessite-t-elle pas une approche plus diachronique?
Nous avons noté quelques oublis: Nicola Bux, La réforme de Benoît XVI. La liturgie entre innovation et tradition, Perpignan, éditions Tempora, 2009 et surtout Nicola Giampietro, The development of the liturgical reform as seen by cardinal Ferdinando Antonelli from 1948 to 1970, Fort Collins, Roman Catholic Books, 2009 (édition originale en 1998). Manquent aussi, les écrits liturgiques de dom Nocent, les ouvrages polémiques mais bien documentés de Jean Madiran ou les articles de Florian Michel, et les différentes mises au point données dans le livre dirigé par François Bousquet (dir.), Les Grandes Révolutions de la théologie moderne, Paris, Bayard, 2003. Enfin l’index compte quelques lacunes dans les noms de personnes (Gamber par exemple cité dans le n°2401). Il semble aussi que nous n’avons pas trouvé trace des Gesammelte Schriften du cardinal Ratzinger publiés depuis 2008.
Que ces observations minimes soient reçues pour ce qu’elles sont: un encouragement vibrant et chaleureux pour que la prochaine édition de cette bibliographie soit plus encore digne d’admiration.
Zitierweise:
Vincent Petit: Rezension zu: Philippe J. Roy, Bibliographie du concile Vatican II, préface de J.-Dominique Durand (= Pontifico comitato di scienze storiche. Atti e documenti 34), Libreria editrice vaticana, Rome, 2012. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Religions- und Kulturgeschichte, Vol. 107, 2013, S. 458-462.